Le Mansourah, André Médioni, éd. Manson, 1996, 273 p. (35 illust.), format à l'italienne : 21 cm x 17 cm.

Extrait d'un texte :
Nous habitions à Constantine une maison neuve qui jouxtait les jardins de la Mosquée. De ma chambre, je voyais plusieurs fois par jour, sur la galerie du minaret, le muezzin qui chantait la gloire de Dieu et invitait à la prière. Dans la cour d'entrée les fidèles s'attardaient pour le recueillement et la méditation. Ils étaient assis sur des bancs de pierre recouverts de carreaux de faïence. L'un d'eux se levait parfois, soutenant de la main droite le bas de son burnous. Il s'avançait vers la vasque centrale où jaillissait un jet d'eau qui retombait sur le marbre rose avec un bruit léger, plongeait ses doigts dans l'eau claire et les portait ensuite à son front pour le rafraîchir. Tout semblait grave, digne et tranquille, hors du temps, et rien ne se mouvait qu'avec cette lenteur d'éternité qui remet à leur juste mesure les préoccupations quotidiennes. Dans sa maçonnerie en demi-cintre, le portail d'entrée était entouré de minces colonnades. Les fidèles se déchaussaient avant d'entrer et disparaissaient dans l'ombre fraîche où ils se prosternaient sur des nattes de paille. […]