Carnets, Paul Vicaire, éd. Manson , 2009, 124 p. (39 illust.), format : 21 cm x 17,6 cm.

Extrait d'un texte :

Talmont :
[…] Rien n'est plus changeant que le ciel et la mer de Saintonge, de plus instable et de plus trompeur que ces nuages et ces grandes eaux remuées. Au sortir de l'église, quand le soleil se couche, contemplez le fleuve marin, le ciel et la terre, autour de cette falaise menacée. D'une manière infiniment ductile et malléable, dirait-on, les nuages, tantôt minces comme des plumes, ténus comme des pellicules végétales, tantôt lourds, charnels et éclatants de glorieuses couleurs, construisent le mouvant décor où le soleil va descendre, derrière la Pointe de Grave. Le cimetière où l'on passe pour aller s'accouder au garde-fou n'est qu'un étroit enclos campagnard, où ne poussent que de rares arbustes. Sans mystère et sans profonde mélancolie, toujours visité par les souffles de la mer, ce cimetière marin est plus aérien encore ; le sol du lieu, si rapidement sec après les plus dures averses, cette terre grisâtre mêlée de « banche » calcaire, ne doit guère s'engraisser des dépouilles qu'on y dépose. Le soleil, le vent et la pluie rongent, dévorent, délitent. Tout revient lentement à la primitive poussière. […]