Le Mansourah, André Médioni, éd. Manson, 1996, 273 p. (35 illust.), format à l'italienne : 21 cm x 17 cm.
Extrait d'un texte :
[…] Pour aller au Mansourah, il fallait, après avoir passé le pont du Rummel, gravir des chemins escarpés qui grimpaient au flanc de la montagne sauvage, inculte et pierreuse, où ne poussaient que des chardons, et des touffes de thym, de romarin et de lavande. Parsemé de rochers de granit gigantesques, le paysage ressemblait de loin à une mer agitée, éclaboussée d'écume.
Le plus souvent, c'était mon frère qui accompagnait mon père. Moi, je restais au lit quelques instants encore, et, plus tard, de notre fenêtre où ma mère était venue me rejoindre, nous scrutions le lointain inondé de lumière rose, et nous ne tardions pas à y reconnaître les deux silhouettes, le père avec le fils, marchant côte à côte, rapetissés par la distance, au fur et à mesure de leur ascension. Le jour s'avançait, le soleil devenait brûlant. Alors pour se protéger de la chaleur, ils mettaient sous leurs chapeaux de larges mouchoirs qui leur couvraient la nuque. Vus ainsi et de loin, ils semblaient être les princes de la montagne et de l'été. Le ciel pur, le calme du matin leur conféraient une majesté primitive et sauvage, et le soleil qui se levait derrière eux faisait des auréoles de feu. […]