[…] L'épopée de l'eau commence un beau soir d'octobre 1943. Le ciel était clair, pas un nuage ; le gardien somnolent veillait avec le parabellum. Soudainement il entendit une rumeur suspecte. Il s'en fut réveiller les camarades qui dormaient dans la cave. Ils étaient sept, prêts à faire face à n'importe quel ennemi. Qui pouvait-ce être ? […] Sept pionniers et un parabellum, après deux mille ans, courent dans le désert et ce qu'ils voient, face à eux – il y avait clair de lune – les laisse bouche bée : « De l'eau ! De l'eau dans le désert ! »

On a pu calculer, après coup, que pendant vingt-quatre heures il peut y avoir un million de mètres cube d'eau coulant dans l'oued. En attendant, ils dansèrent et chantèrent ivres de joie jusqu'à l'aube. Ils croyaient savoir ce qu'il fallait faire : freiner et capter l'eau des inondations. Le caterpillar travaillait 24 heures par jour, les trois tractoristes prenant la relève, et ils surent construire une digue de vingt mètres d'épaisseur. Les Bédouins virent que les Juifs construisaient une grande digue et rassemblèrent leurs chameaux et leurs ânes et construisirent une petite digue derrière la grande. Le Seigneur du monde comprit ce signe : Il répondit aux prières de ses créatures sans différence de religion, de race et de nation, et envoya cette année-là une seconde inondation. La lutte dura environ deux minutes et la masse d'eau emporta les deux digues : la grande des Juifs et la petite des Bédouins. […]